«Injustice incroyable»: Alexandre Da Costa dénonce les tarifs imposés aux musiciens canadiens aux États-Unis

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Au moment où le Canada angoisse à l’idée que l’administration Trump impose des tarifs douaniers de 25% sur certains produits, un musicien québécois de renommée internationale dénonce le traitement injuste auquel sont soumis depuis longtemps les artistes canadiens qui veulent aller jouer aux États-Unis.

Dans une lettre ouverte envoyée au Journal, le chef d’orchestre et violoniste soliste Alexandre Da Costa va même jusqu’à affirmer que les artistes d’ici sont discriminés par rapport à leurs homologues américains.

• À lire aussi: Les artistes québécois et canadiens sont déjà, et depuis longtemps, discriminés aux États-Unis

«Les potentiels nouveaux tarifs douaniers américains sont déjà appliqués aux artistes québécois et canadiens depuis plusieurs décennies», soutient celui qui est aussi le directeur artistique de l’Orchestre philharmonique du Québec.

En cause, le fameux visa P2 que doivent obtenir les artistes qui veulent aller travailler aux États-Unis. Dans sa version régulière, il coûte maintenant 510$ US (730$ CAN), plus des frais d’administration de 125$ CA, et sa livraison peut prendre jusqu’à 10 mois.

Un visa premium, disponible en 30 jours, est offert, mais il faut débourser 2805$ US supplémentaires pour l’obtenir, ce qui représente une somme totale de près de 5000$ CA.

Pas besoin de permis

En contrepartie, les musiciens américains, sauf quelques exceptions, n’ont pas besoin de permis de travail pour venir jouer dans les salles de spectacle canadiennes.

«C’est une injustice incroyable», s’emporte Alexandre Da Costa dans une conversation avec Le Journal.

«Par exemple, un orchestre américain m’a invité en octobre prochain. Ça veut dire dans moins de 10 mois. Pour arriver dans les temps, je dois payer le premium, mais à 5000$ + 1000$ de voyage + 500$ d’hôtel, c’est impossible avec le cachet qu’ils me donnent.»

Faut-il donc taxer les artistes américains en retour? «Tout à fait», tranche-t-il.

Voler de l’ouvrage

Sans aller jusqu’à parler d’injustice, le président de la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec convient que le traitement n’est pas équitable.

«Aux yeux des États-Unis, un artiste qui va jouer là-bas vole de l’ouvrage à un de leurs citoyens. Selon eux, pour avoir le privilège de jouer chez eux, il faut payer pour ça», indique Vincent Séguin.

La solution n’est pas facile à identifier. «Certains disent qu’on devrait faire du lobbying, pour que ce soit plus difficile pour les Américains de venir jouer ici. Je ne sais pas si c’est la solution. Le but serait qu’on puisse tous aller facilement jouer chez les autres», espère M. Séguin.

Lobbying

Directrice de la branche canadienne de la Fédération américaine des musiciens, Liana White rappelle que du lobbying s’effectue régulièrement auprès du gouvernement et des services de la citoyenneté et de l’immigration des États-Unis (USCIS), non sans succès.

«L’USCIS avait proposé une augmentation des frais de visa de 460$ à 1615$. Grâce à notre lobbying, cette augmentation a été réduite à 510$ US.»

Elle rappelle que les exigences pour les artistes qui viennent jouer au Canada ont été assouplies en 2014.

«Comme le commerce est un sujet d’actualité, peut-être que le Canada devrait rétablir des pratiques passées», suggère Mme White.



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